De l’An Mil à la fin du Moyen-âge
L’histoire de Lucq nait avec celle de l’abbaye bénédictine Saint-Vincent construite sur son territoire, « Villam de Luco », vers 970-980, par le comte de Gascogne Guillaume-Sanche.
Le monastère est alors le centre d’un semis de domaines ruraux, ou « villas », bientôt organisés en paroisses et ancêtres des actuelles communes de Poey, Verdets, Saucède, Ogenne, Lay… dont l’abbé de Lucq est le seigneur.
De 1287 à 1289, Lucq et son abbaye sont le théâtre d’un extraordinaire évènement. A plusieurs reprises, ils accueillent le roi Edouard Ier, la reine et toute la cour d’Angleterre, venus en Béarn régler un différend entre les rois de France et d’Aragon.
Organisé sur le schéma que nous lui connaissons aujourd’hui, un bourg et des quartiers, le village de Lucq est au Moyen-âge l’un des plus importants du Béarn. Le dénombrement des « feux de Béarn » en 1385 y recense 240 maisons « ostaus ». Quelques uns sont dits abandonnés, peut être à cause de l’épidémie de peste qui rode en Béarn depuis le milieu du XIV° siècle et qui n’épargna pas la région.
Deux siècles plus tard 390 « feux » s’acquittent de la taille, soit 2000 à 2500 personnes.
La Réforme protestante (XVI° -XVII° siècle)
Dès les années 1550, les prédications protestantes se font entendre à Lucq et en 1562 l’église Saint-Vincent doit être partagée entre catholiques et réformés. L’année suivante le premier pasteur Pierre Lemée est à pied d’œuvre, puis ce sont les moines bénédictins qui sont sommés d’assister à ses prêches.
L’année terrible, 1569, qui voit la guerre entre catholiques et protestants, sonne le glas de l’abbaye bénédictine. Après que les Etats de Béarn chassés de Pau s’y soient réunis, elle est en effet saccagée au mois d’août par les troupes protestantes.
Il faudra attendre 1608 et un édit royal d’Henri IV pour que le culte catholique renaisse à Lucq, en échange de la construction d’un temple nécessaire à la communauté protestante.
Aboli à Lucq par une bulle pontificale de 1610, l’ordre de Saint-Benoît y est remplacé par celui des Barnabites chargés de ramener dans le sein de l’Eglise catholique les âmes qui s’en étaient détournées au profit de la Réforme. Venus d’Italie, les Pères Maurice Olgiati et Fortuné de Colom, celui-ci originaire de Lucq, travaillent avec succès à ces conversions.
XVIII et XIX siècles
Jamais relevée de ses ruines, ou en partie seulement, l’abbaye restera la propriété des Barnabites jusqu’à sa vente comme bien ecclésiastique en 1791, à Pascal Elie, marchand d’origine libanaise installé à Pau. Ses descendants en sont toujours propriétaires.
Le XIX° siècle, est lui dominé par le très fort mouvement migratoire qui enlèvera plus d’un demi-millier de Lucquois pour les envoyer en Amérique, surtout vers Buenos-Aires en Argentine et San-Francisco aux Etats-Unis. De 2422 habitants en 1848, la population passera à 1850 en 1900.
La première guerre mondiale finira de saigner démographiquement Lucq puisque c’est à presque 90 de ses enfants qu’elle prendra la vie.